Réhabilitation du livre et de la lecture : Un chantier important
Lors de l’installation de Ghouti Mehdi, en qualité de DG de l’ENAG, succédant ainsi à Hamidou Messoudi, mis à la retraite, mardi dernier, au siège du ministère de la Culture, le Dr Malika Bendouda a évoqué, dans son allocution, un autre chantier qui est dans la ligne de mire de son département ministériel, en l’occurrence le livre en Algérie, devenu «infréquentable» pour l’écrasante majorité des Algériens. Il a été mis hors de prix pour les citoyens pour diverses raisons. Le livre est devenu un luxe.
La ministre de la Culture a mis l’accent sur les capacités de l’ENAG (Entreprise nationale des arts graphiques), la plus grande imprimerie dans le pays, considérée comme l’une des plus grandes imprimeries en Afrique.
Ce nouveau chantier du département ministériel du Dr Bendouda Malika rentre dans la nouvelle stratégie inhérente à la réhabilitation du livre, en insistant sur le nouveau rôle de l’ENAG, qui devra être plus active dans la relance de plusieurs aspects dans le politique du gouvernement, telles que la relance du projet de publication du ministère de la Culture, la promotion de la disponibilité du livre algérien à l’étranger, et la mise à niveau de la fonction distribution à travers ses actions commerciales.
Il est grevé de droits et de taxes
Désormais, l’ENAG ne doit plus se confiner dans la fonction d’une simple imprimerie, mais devra s’afficher comme étant une réelle entité culturelle, de surcroît une entreprise attractive qui sera obligée de contribuer à la concrétisation de la feuille de route relative aux stratégies de la politique du livre. C’est un secret de polichinelle.
C’est vrai que le livre n’est plus à la portée de toutes les bourses, car il est grevé de droits et de taxes d’une part et d’autre part, la chaîne de production, de commercialisation et de vente, malheureusement fait face à moult dysfonctionnements. Par conséquent, selon le ministère de la Culture, le redressement de l’industrie du livre requiert plusieurs niveaux d’intervention, en débutant par le soutien à l’auteur jusqu’à la vente du livre dans les librairies. Les rencontres des représentants du département ministériel du Dr Bendouda Malika avec les professionnels et les syndicats des éditeurs avaient abouti à un diagnostic.
Naturellement, la réflexion engagée pour le redressement de cet important segment du secteur de la culture a mis à nu les contraintes qui entravent, bloquent même, le développement de cet autre aspect de la culture. Le constat est amer, en dépit des sommes faramineuses dépensées par le ministère de la Culture depuis plusieurs années.
Des recommandations avaient été proposées à l’issue de ces rencontres, jugées par ailleurs constructives et prometteuses. Des actions avaient été retenues pour remettre «le chapitre livre» sur les rails. A la faveur des résultats de ces rencontres, le ministère de la Culture a engagé le vaste chantier de réformes, qui touchent tant bien les textes structurants, que les dispositifs d’aide et de soutien, qu’il entend soumettre au gouvernement. Ainsi, l’amorce d’une action permettra sans aucun doute à terme, la mise en place d’un réseau de librairies à travers le territoire national, par le biais d’une exploitation des opportunités déjà existantes, mais également la création de micro-entreprises.
Des mesures incitatives de l’État en termes de droits de douane et de fiscalité
Compte tenu de son impact économique et de son interaction avec les arts, notre source du ministère de la Culture affirme que le département ministériel a inscrit le développement et la promotion du livre dans ses priorités. «C’est à partir du roman ou du scénario qu’un film ou une pièce théâtrale est conçue et voit le jour, c’est dans le livre justement que le producteur artistique construit son œuvre», révèle notre interlocuteur.
Pour insuffler de l’optimisme et de l’ambition, l’Etat devra faire bénéficier l’industrie du livre des mesures incitatives en termes de droits de douane et de fiscalité. Cela demeure tributaire d’autres facteurs liés au cadrage économique qui vise à garantir les équilibres macro-économiques, de surcroît dans le contexte actuel.
Le livre en Algérie ne doit pas être un luxe. Cela dépendra d’une volonté politique, mais surtout de l’allégement des différentes taxes et droits pour asseoir les conditions favorables à l’émergence d’une véritable industrie nationale du livre, bien entendu avec les autres secteurs. Décidément, le nouveau chantier, celui du livre, est un autre défi pour le département ministériel du Dr Bendouda Malika.
Le budget de fonctionnement alloué au ministère de la Culture s’élevait en 2015 à un montant qui avoisinait 25, 800 milliards de dinars. La crise financière s’installe progressivement dans le pays. En 2020, l’Etat a alloué initialement un budget qui frôle un montant de 14,900 milliards de dinars.
Une chute de plus de 50% par rapport à 2015. La pandémie de la Covid-19, l’impondérable, a obligé le gouvernement à revoir à la baisse le budget du secteur de la culture jusqu’à le diminuer de 30%.
Le ministère de la Culture considéré comme étant l’un des secteurs du second collège depuis des années dans la politique menée par les gouvernements successifs, devra mener des actions tous azimuts pour la réhabilitation de ses missions dans l’intérêt du citoyen et de ses opérateurs économiques. L’ENAG est impliquée pour atteindre ses objectifs que vient de lui assigner son ministère de tutelle. Les auteurs, les éditeurs, les libraires et les lecteurs attendent la «fumée blanche».
Lien : https://www.elwatan.com/edition/culture/rehabilitation-du-livre-et-de-la-lecture-un-chantier-important-20-09-2020