Dans le cadre des rencontres littéraires, organisées par l’Enag, en collaboration avec l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), la librairie Mediabook de l’Enag a abrité, dimanche, une rencontre animée par l’auteur Ahmed Tibaoui, vainqueur du Prix Nadjib Mahfoud 2021 pour son roman «Ikhtifaa assayid la ahad» (disparition de monsieur personne) édité en 2019 par les éditions algérienne «Al Ikhtilaf» (Alger) et Difaf (Beyrouth).
Le roman qui se présente sous forme d’intrigue policière est pour l’auteur davantage un questionnement sur l’identité et la personnalité de l’être humain. «L’identité première de l’homme est son humanité, avant son appartenance ethnique, raciale ou religieuse», lance t-il. «L’homme est réduit à un être biologique en quête de nourriture et de bien être matériels. Mais est-ce vraiment sa véritable nature», s’interroge-t-il. «Beaucoup sont conscients de cet état de fait, mais la majorité ne sont même pas conscient et croient que ce mode de vie est celui qui convient à leur nature», poursuit-il. Pour lui, l’être humain «a perdu son identité par pressions socio-économique qui l’ont éloigné des véritables raisons de son existence, la quête spirituelle et l’harmonie avec la nature et la création». Le roman n’en parle pas directement, mais il le suggère implicitement. «Le lecteur peut aisément tout déduire de lui-même».
C’est à travers ses personnages, notamment celui de «La Ahad», que l’auteur aborde ses questionnements d’ordre philosophiques. «Mon ouvrage ne propose pas de réponses, mais pose des questions», insiste-t-il. «Mon personnage principal explique-t-il cherche à s’isoler de son entourage et se détacher des contraintes de la société, ce qui fait de lui «Personne», un être que tout le monde ignore et dont la vie ne signifie rien pour personne». Sa disparition allait-elle changer quelque chose ? Le récit s’est construit autour de la mort d’un vieil homme malade dont le personnage principal s’occupe. La découverte du corps en décomposition conduit à une enquête policière qui révèle que personne ne sait rien du jeune homme. Les voisins ignorent l’existence du jeune homme, mais personne ne peut en donner une description précise. Finalement tout le monde peut-être «personne», et même si nous vivons près d’autres personnes, nous ne savons rien d’eux et ne savent rien de nous. En somme, nous restons tous des anonymes les uns pour les autres. Tibaoui affirme que son roman, même s’il n’est que pure fiction, s’inspire de la vie réelle. «Les personnages sont des personnes qui existent dans toutes les sociétés. Je me suis inspiré de la vraie vie. J’ai fait appel à un langage et des comportements de tous les jours», renchérit l’écrivain. «Un écrivain se doit d’être témoin de son époque. Nous le sommes tous, mais un auteur a la faculté de transcrire son témoignage voire d’en faire une œuvre littéraire», conclut-il. Ahmed Tibaoui natif de Médéa est titulaire d’un doctorat en gestion des affaires. Enseignant à l’Université Ferhat-Abbas de Sétif, il est auteur de quatre ouvrages « Al Maqam Al aâli » (Haut lieu), Prix Ali-Maâchi en 2011, «MaoutNaim» (Une douce mort) prix Tayeb-Salih, au Soudan, en 2014, «Moudhakirat mi watanakhar» (Mémoires d’un autres pays) et «Al bayadhalmoutaham bi al baraâ» (La blancheur accusée d’innocence).
Hakim Metref