Ecrit Par enag / 20 Avril 2025


C'est un livre précieux, qui fourmille d'informations sur El Hadj M'hamed El Anka, que vient de publier Abdelkader Bendamèche.

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 En fin connaisseur de son sujet, Bendamèche dévoile au lecteur l’ensemble des facettes du maître incontesté du chaâbi.

On y trouve les importantes étapes de la vie d’El Anka. Sur sa naissance et sa famille.
L’auteur y parle de la scolarité de l’artiste puis de sa jeunesse et de son amour pour la Casbah ainsi que de sa progéniture constituée, notamment du grand artiste Mustapha El Anka, mais aussi du chanteur El Hadi El Anka. Il faut dire que l’auteur va très loin en donnant des informations très personnelles sur El Anka et sa famille, ce qui enrichit, naturellement, son livre qui est de toute évidence, le résultat d’un travail de recherche de longue haleine.
Certains aspects de la psychologie d’El Anka y sont savamment décrits : méticuleux et très rigoureux, ombrageux parfois. Mais aussi aimant, disponible, affable et très généreux : «Cheikh El Hadj M’hamed El Anka savait trouver les moments pour dialoguer avec les membres de sa famille, des instants intenses attendus par tout le monde, parce qu’il y avait beaucoup à apprendre.
Le deuxième chapitre donne la part belle à la vie musicale du chantre. On y apprend que c’est à peine âgé de onze ans qu’El Anka a fait ses premières classes en musique en regagnant l’orchestre de jeunes amateurs de Cheikh Mohamed Q’hioudji, dit Mohand Aromi. El Anka y jouait le tar allègrement dans cet orchestre où la précision et la justesse étaient de rigueur, nous dit Abdelkader Bendamèche qui rappelle que Cheikh Mohamed Q’hioudji n’admettait pas les erreurs que font les débutants comme le jeune M’hamed. «Il était intransigeant et ferme avec les jeunes, afin de les préparer à la vie professionnelle de musiciens ou d’interprètes, il constituait une véritable école».
El Anka avait donc la chance d’avoir comme premier maître un tel enseignant. Il lui a donné la base pour persévérer dans la voie qui est la sienne.
Les autres étapes de l’évolution d’El Anka sur le chemin de l’art y sont narrées, dans le moindre détail, par Abdelkader Bendamèche.
Il est évident qu’évoquer El Anka, c’est parler de son maître Mustapha Nador : avec la disparition de ce grand Cheïkh dans la nuit de mardi 18 au mercredi 19 mai 1926 à Cherchell, c’est son élève, le jeune M’hamed El Meddah qui continuera cette œuvre créative et enrichissante de ce que l’on appelait durant cette période de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle le «madih dinni» ou encore le melhoune. El Anka avait 19 ans.
Bendamèche nous apprend qu’il était tenu d’honorer les deux engagements de soirées familiales de mariage que devait animer son maître.
Il le fit avec l’appui des Cheikhs Si Saïd Larbi et Omar Bébéo qui le soutiennent au sein de l’orchestre.
«Il est vrai que ce n’était pas une mince affaire car il fallait travailler toujours plus pour acquérir et maîtriser un nombre important d’œuvres poétiques inédites, afin de servir au public connaisseur et très exigeant qui était celui de Cheikh Mustapha Nador El Meddah», explique encore Bendamèche qui s’attarde sur les premiers pas de la légende El Anka. Dans plusieurs sous- chapitre, Bendamèche aborde les autres aspects de la facette d’artiste d’El Anka comme sa mémoire phénoménale et son importance, l’apport créatif d’El Anka, le mandole instrument fétiche d’El Anka, l’approche musicale et l’apport d’El Anka, l’introduction du banjo…
Toutes les autres périodes cardinales d’El Anka sont racontées avec le même souci de précision tout au long des chapitres suivants.
On y trouve toute la discographie d’El Anka et des citations originales de ce dernier.
L’auteur y publie toute la liste des chansons en kabyle, interprétées par El Anka. Elles sont 13 au total.
Des albums photos diversifiés enrichissent l’ouvrage et les longues qasidate du patrimoine, auxquelles El Anka a composé des musiques et qu’il a interprétées lui-même.
Un livre à lire par tout fan, mais aussi par tout lecteur désirant faire une plongée dans l’univers épatant d’El Anka.

 

Source : https://www.lexpressiondz.com/culture/le-cardinal-de-a-a-z-392796

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